Simon paludier à Guérande - Le Guérandais
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Paludier à Guérande

Paludiers à Guérande, une histoire de famille

"L’une des plus grandes richesses de mon métier, c’est la flexibilité."

 Le marais, un matin d’avril, marque par sa douceur et sa puissance. La nature se réveille doucement, et les paludiers, matinaux, attendent autour de la salorge. Simon Péréon, 37 ans, est paludier sur la commune de Guérande depuis 12 ans. Fils et petit-fils de paludier, il a grandi dans le marais et fait partie de la coopérative depuis son arrivée. 

Paludiers à Guérande, une histoire de famille 

Une enfance au rythme des marais de Guérande 

Quels ont été tes premiers souvenirs des marais et du métier de paludier ?

“Je suis issu d’une famille de paludiers depuis plus de 10 générations. À 3 ou 4 ans, j’accompagnais déjà mon père dans son exploitation et j’ouvrais les ardoises pour faire entrer de l’eau dans le marais. Vers 9 ou 10 ans, j’ai commencé à cueillir la fleur de sel et à partir de 12 ans, je faisais toutes les saisons de travail dans les marais. 

À 16 ans, j’ai eu mes premières salines à gérer tout seul en parallèle de mes études. À cette période, je ne savais pas si je voulais devenir paludier. Au lycée, j’avais à peu près un tiers d’une exploitation."

À l’autre bout du monde, la prise de conscience

Après cette enfance baignée dans le marais, devenir paludier est-il apparu comme une évidence ? 

"J’ai ensuite fait des études dans le commerce et je venais au marais quand j’avais un moment. 
Quand j’ai commencé à travailler en entreprise, je venais très tôt le matin et revenais le soir. 
Suite à ça, je suis parti 1 an en Nouvelle-Zélande découvrir d’autres cultures et paysages. 
Là-bas, à l’autre bout de la planète, j’ai eu un déclic. Je voulais être paludier. 

L’une des plus grandes richesses de mon métier, c’est la flexibilité. En dehors des périodes de récolte, notre emploi du temps est plus souple et notre travail plus adaptable. 

Il n’y a que la météo qui dicte notre emploi du temps. Nous travaillons dehors, les conditions sont incroyables et le cadre est magique. J’ai le sentiment que jamais je ne m’en lasserai. J’ai toujours aimé la nature. L’eau, la pêche, les champignons… La nature fait partie de mon éducation, de ma façon de vivre.”  

Une vision unique de son métier de cœur : paludier à Guérande 

Un métier ancestral en constante évolution 

Quels sont, selon toi, les grands enjeux du métier de paludier aujourd’hui ? 

"Le corps est assez sollicité et, aujourd’hui, les paludiers essaient de faire plus attention qu’à une certaine époque à leurs gestes et postures. 
Aujourd’hui, nous tendons à peu à peu réduire la taille de nos exploitations, à davantage écouter notre corps et déléguer à des saisonniers. Notre corps est notre outil de travail et sans lui, exercer le métier de paludier est impossible. La météo change, les étés sont de plus en plus chauds et faire 10 heures de travail par jour sous de si grosses chaleurs, c’est très dur seul.” 

Le partage et la transmission comme points d’ancrage

Quelle place prennent les valeurs de partage et de transmission dans le métier de paludier ? 

"À force d’être pris par l’eau, les marais finissent par s’user. Ils doivent alors être remis en état. Seul, la tâche est très compliquée. Il y a donc des petits groupes au sein de la coopérative. Chaque début d’année, chaque paludier informe de ses besoins et, en fonction de la météo, des jours de chantiers sont fixés chez les uns et les autres. Ce sont des cycles. De vrais moments de partage entre paludiers. 

Dans les moments plus calmes au marais, dans un autre aspect collectif, je fais partie de l’association Univer-Sel. Univer-Sel est un groupe de paludiers qui s’engage à aller notamment en Afrique de l’Ouest pour aider les populations à faire du sel et à développer des techniques pour produire du riz. Nous partageons notre savoir-faire à d’autres producteurs. C’est très enrichissant. 

Dans la même optique de transmission, j’ai chaque année entre 4 et 5 saisonniers sur mon exploitation pour cueillir la fleur de sel et pour porter le gros sel. J’aime travailler en équipe. Ces dernières années, trois de mes saisonniers ont tellement aimé le métier qu’ils sont passés par la formation, se sont installés et sont devenus paludiers. Je suis très fier d’avoir pu faire connaître et transmettre l’amour de la profession. Voir que ma façon de travailler donne envie de faire perdurer le métier est très gratifiant. 

Transmettre et faire perpétuer les valeurs que l’on m’a transmis à mon tour fait vraiment sens pour moi.” 

“Que conseillerais-tu à quelqu’un qui aimerait devenir paludier ? 

"Ne vous fiez pas uniquement aux idylliques périodes de récolte l’été. Le travail d’hiver demande plus de rigueur, il faut donc être préparé. Mais si vous aimez ça et que vous êtes prêts, il faut vous lancer !” 
 

 

Nature
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